Oui, il m’a demandé en mariage quelques années plus tard. Bien sûr, j’ai dit « Oui ! ».
Oui, c’était le moment d’aller choisir la belle robe pour le jour J. Aller choisir LA robe que je porterai pour mon mariage. LA robe dans laquelle je me sentirai la plus belle. Comme c’était excitant !
Et puis très rapidement, la joie fit place à l’enfer. La difficulté ne fut pas de trouver une robe jolie, mais en premier lieu, une robe taillée de façon à laisser rentrer mes DEUX seins sans les faire déborder par-dessus le décolleté, ni sans être obligée de tenir toute la journée de mon mariage en apnée complète. Bref, bonjour le calvaire !
Cela faisait déjà des mois que je feuilletais des magazines de mariages, avec des femmes, limite adolescentes et à la taille mannequin, dans des robes plus belles et plus chères les unes que les autres.
En revanche, à ma connaissance très peu de mariées n’ont ni leur taille ni leur âge.
Mis à part entamer un régime draconien, chose contre laquelle je suis résolument opposée, quelles étaient mes possibles alternatives? Porter une robe à bustier, une robe dos nu ou une autre avec de fines bretelles. Et dites-moi, Madame la vendeuse, comment je fais dans ces robes pour ne pas avoir ma poit
rine qui tombe à coté de mes genoux ?
Quand je me suis mariée, en 2006, la mode était aux bustiers. C’était bien là ma veine ! Nouveau défi : comment porter une robe bustier quand on a un buste que les normes de la couture et de
la mode ont décidé de laisser sur la bande d’arrêt d’urgence ? Assurément, je ne pouvais pas arriver devant le prêtre et risquer qui il ne meure d’une crise cardiaque. Je ne voulais pas non plus avoir l’air d’une star du porno avec ma poitrine qui déborde de toutes parts, telle deux énormes bols de gelée démoulés et coincés dans un bustier qui, cédant au poids de ma poitrine, ne demanderait qu’à tomber à mes genoux.
Plan B : me voilà donc partie à l’aventure avec ma mère pour tenter choisir la plus belle robe que j’allais porter de toute ma vie. L’aiguille dans la botte de foin.
Premier magasin :
Moi : « Bonjour madame, je me marie bientôt et j’aimerais une robe qui me va, et avec bretelles car j’ai une forte poitrine ».
Vendeuse : « Bien sûr, Madame. Voici une très belle robe. Etant donnée votre corpulence je vous conseille un modèle dos nu ».
Moi : « Mais comment je fais pour le soutien-gorge ? Je porte un 95GG ».
La vendeuse : « Ne vous inquiétez pas, Madame. Nous avons aussi une très large gamme de lingerie adaptée pour aller avec votre robe ».
Moi : « Vraiment ? Car la dernière fois que je suis venue, vous vous arrêtiez à la taille juste en dessous ».
La vendeuse : « Croyez-moi. Nous avons tous qu’il vous faut ».
Moi : « Bon, d’accord. Si vous le dites ».
Une demi-heure plus tard la vendeuse revient. Une robe à la main et démunie de soutien-gorge.
La vendeuse : « Je suis vraiment désolée, mais nous n’avons pas votre taille de lingerie ».
Moi : « Je suis vraiment désolée, mais je vous l’avais dit….non ? ».
Je me déshabille pour enfiler la robe soi-disant ‘de mes rêves’ avec mon soutien-gorge blanc
de tous les jours. Et là, grande surprise !
La vendeuse commence à se perdre dans des compliments aussi plats qu’hypocrites : «
Oh, regardez comme vous êtes belle, Madame ! La robe est magnifique ! Elle vous va à ravir. Avec elle, c’est sûr, vous aller être superbe pour votre futur mari ».
Et moi, tout ce que je vois, c’est moi. La bouche bée. J’ai dû mettre plusieurs secondes à réaliser l’expression de mon visage, tellement le spectacle que le miroir m’offrait dépassait tout ce que je pouvais imaginer.
Je dus prendre sur moi et puiser dans mon fort intérieur pour me pas hurler un « Oh la vache ! C’est quoi ce sac à patates ! Non, je ne me trouve pas belle ! Non, la robe n’est pas magnifique ! Non, je ne serai pas superbe pour mon futur mari….parce que si le futur mari me vois débarquer affublée de ce parachute, il va se barrer en courant ! » Je n’avais qu’une envie, me débarrasser au plus vite de cette horreur et la faire manger à la vendeuse.
Ma poitrine me serrait beaucoup trop. La robe était trop large au niveau de ma taille mais trop serrée sur mes hanches. Voici LA super belle robe qui, pour une vendeuse, allait être la plus belle robe de ma vie. Et après vous s’étonne que les robes de mariées ne se portent qu’une seule fois ! Vouloir enfiler ce déguisement grotesque une fois relevait de l’exploit. Le faire une deuxième fois reviendrait sans doute à faire preuve de masochisme.
Je ne sais pas pourquoi, mais soudain, mon regard se posa sur l’étiquette. Bonté divine ! Un fabuleux prix à quatre chiffres (et en euros, bien entendu) vint remuer le couteau dans la plaie et eut raison de mes dernières forces. Grosse montée de larmes…. « Ne pas craquer, surtout ne pas craquer ! Et vu son prix, ne pas craquer non plus cette foutue robe dont il faudra bien réussir à s’extirper».
Témoin de ma terrible expérience et partenaire improvisée de galère, ma mère, dans son infinie gentillesse me souffle discrètement à l’oreille. « Ne t’inquiètes pas, cette robe n’est pas faite pour toi. Viens, on trouvera quelque chose, mais pas ici ».
Je me rhabille, le moral dans les chaussettes, juste à côté de ma poitrine, sans le soutif promis par la vendeuse.
Ma mère et moi sortons du magasin pour boire un verre et se changer les idées. Et ce fut là que ma super mère me dit LA phrase qui me sauva la vie : « Si tu le souhaites, moi, je peux te faire LA robe de tes rêves ».
Sauvée par ma mère adorée. Alléluia !
Et elle me l’a faite cette robe, dans une étoffe couleur ivoire avec une traine. En ce qui concerne la lingerie de mariage, j’ai opté pour un ensemble constitué d’un simple soutien-gorge et de deux bas, une culotte et un string assortis pour ma nuit de noce. 150€ tout de même pour une lingerie jolie et sexy, (bah presque). J’étais belle, je me sentais belle dans ma robe et ma lingerie. LA preuve ? Le futur marié ne s’est pas sauvé en courant et il ne m’a pas laissé porter mes achats très longtemps. C’est pour ça que je l’aime.
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