jeudi 16 août 2012

Je ne serai jamais STANDARD


J’ai fait un salon « du bien-être » récemment et, lors de ces manifestations,  je suis toujours amenée à parler des standards.

Tout d’abord, qu’est-ce qu'un standard et qui décide ?

Selon le ‘Nouveau Larousse Elémentaire’, (mes plus sincères excuses au ‘Petit Robert’, je m’occupe également des grands bonnets) par « standard », il convient d’entendre : « qui est conforme à un type, à un modèle ».  Nous voilà bien avancées….Bon sang, mais conforme à quoi, au juste ?

Moi, j’ai compris que je n’étais pas standard quand j’avais 18 ans.  Je suis allée chez le médecin,  mais avant il fallait aller voir l’infirmière.  Je passe dans son bureau, et s’ensuit l’échange suivant :
- « Alors vous mesurez combien ? »
- « 1,64 ».
- « Maintenant montez sur le balance, s’il vous plait ».

Après quoi je m’exécute et j’entends l’adorable infirmière me  dire :
 « Selon notre charte, vous êtes obèse, mademoiselle… ». Charmant !
 Dans ma tête, je me suis dit : « Et madame, selon ma charte vous êtes une grosse c**** ! »

Pour que vous compreniez mieux la situation, voici quelques éléments me concernant.  Quand j’avais 18 ans, je faisais beaucoup de danse, environ 10 heures par semaine.  J’avais donc un corps très musclé, à commencer par mes jambes. Comme vous le savez déjà si vous avez lu mes articles précédents, j’avais déjà à cet âge ma forte poitrine. Tout bon médecin sait que la masse musculeuse pèse un certain poids. Il suffit  d’observer la plupart des athlètes participants aux Jeux Olympiques (puisque c’est de circonstance) pour s’en rendre compte. Teddy Riner, par exemple, n’a pas un poil de graisse. Placez ses mensurations sur la charte de notre chère infirmière, et il n’en sera pas moins obèse que ne l’étais à 18 ans. Sauf qu’en plus, Teddy Riner ne fait pas un bonnet GG. Là encore, tout médecin, et femme de surcroit, sait qu’une poitrine généreuse pèse lourd.  Comme j’aurais aimé l’envoyer au tapis et la-lui faire manger, sa charte ! Sauf que ce jour-là, ce fut elle qui gagna par ippon. Mais surtout tout bon médecin qui se respecte fait preuve d’un minimum de psychologie. On n’emploie pas ses termes-là quand on qualifie une adolescente de 18 ans.

Bref,  selon cette fameuse charte et ses fichus standards, j’étais fichée parmi les obèses. C’était implacable, incontestable. Je me souviens encore être sortie de cette consultation en larmes. Totalement dévastée. Je ne comprenais pas comment c’était possible.   Je mangeais sainement, je faisais du sport et j’étais quand même « obèse ».  Fatalement s’en est suivi une véritable remise en question : devais-je entamer un régime ? J’aurai perdu du poids, OK, mais d’où ? Je n’avais pas de graisse à perdre….   Eventuellement, j’aurai pu consulter un plasticien pour procéder à l’ablation d’un de mes seins et je vous promets que leur charte aurait mentionné « poids normal ». Vous m’enleviez l’autre sein qu’elle aurait indiqué « rachitique ».
Bref, c’est ce jour de consultation que j’ai compris que les standards étaient mal conçus, totalement inadaptés, et surtout je ne serai jamais standard.

Nouvelle consultation auprès de notre »Nouveau Larousse Elémentaire » pour essayer de comprendre ce qu’on venait de me diagnostiquer. Il y est dit : « Obèse : qui souffre d’obésité ». Tiens, notre infirmière travaillerait-elle aussi chez Larousse ? « Obésité : qui souffre d’embonpoint ». Là, c’était plus clair. Sauf que je n’avais pas d’embonpoint. Et d’abord, pourquoi l’embonpoint ferait-il « souffrir » ou serait-il présenté comme une maladie, limite incurable?

Ma mère, elle-même infirmière sage-femme de profession, se voulait rassurante, et m’a dit de ne pas m’inquiéter, que ce n’était pas vrai, et que je n’étais pas « obèse » comme tout le monde l’entendait.  En revanche, elle était très énervée car c’est à cause de manque de tact tel que celui de notre infirmière qu’on peut provoquer l’anorexie chez certaines jeunes filles. 
Depuis ce jour-là, j’ai banni la balance de ma maison.  Je n’ai jamais eu de balance et de toute façon, je ne veux surtout pas. (C’est celle de ma belle-mère pour faire la photo.)



Pour rigoler,  j’ai fait le test encore se soir.  OH NON, après mes 2 grossesses, surprise, surprise, mon obésité n’est plus que « modérée ».  Selon leur charte, il faut que je perde entre 14kg et 30kg pour être dans leur standard.  Comme je vous le disais un peu plus haut, si j’enlève ma poitrine et que je gomme mes fesses, je pense que je dois rentrer parfaitement. CQFD. 

Maintenant, la question c’est : « Est-ce que je veux vraiment être standard ? »
La réponse s’impose à moi, telle une évidence. Je réponds « NON ».  Sans seins ni fesses, je serai encore moins standard.

Je suis fabuleuse, pas standard, et fière de l’être.

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